Pour réussir la transition énergétique, l’Europe compte sur ses réserves de lithium. Mais l’impact environnemental des mines pose question. Le lithium géothermal pourrait être la solution.
Dans notre précédent article sur le lithium en Europe, nous abordions l’objectif du continent de devenir plus indépendant sur le plan énergétique. Pour cela, il faudra s’assurer de l’approvisionnement en matériaux stratégiques.
Les projets d’exploitation minière de lithium se multiplient sur le continent et cristallisent à la fois les espoirs de devenir plus indépendant vis-à-vis de pays tiers et les craintes légitimes quant aux impacts environnementaux de telles pratiques. N’existerait-il pas alors une alternative qui pourrait mettre tout le monde d’accord ? Et pourquoi pas le lithium géothermal ?
Encore jamais exploitée jusqu’à présent, la captation de lithium présent dans les eaux géothermales est actuellement en phase de test en Europe, notamment en France.
Le projet de recherche EuGeLi (repris actuellement sous le nom d’Ageli), mené par l’entreprise Eramet, a permis de produire les premiers kilogrammes de lithium européen de qualité batterie grâce à une unité d’extraction installée à la centrale géothermique de Soultz-sous-Forêts. Forte de ce succès, la société française a lancé, dans la foulée, un premier pilote d’extraction au sein de la centrale géothermique de Rittershoffen.
Comment capter le lithium géothermal ?
Les unités de captation de lithium géothermal d’Eramet sont composées de colonnes où l’on fait circuler les eaux souterraines chargées en lithium. Celui-ci est récupéré grâce à un matériau actif qui agit comme une « éponge ». Le résultat ? L’obtention d’un concentré de lithium qui sera par la suite purifié pour devenir du carbonate de lithium de qualité batterie.
L’énergie géothermique permettant de faire fonctionner le processus d’extraction et de transformation, le procédé présente l’avantage d’un impact environnemental réduit. En ce qui concerne l’impact lié aux installations, celui-ci est amoindri du fait que les unités sont ajoutées à des centrales géothermiques déjà existantes. Sans oublier qu’il s’agit d’un système de boucle qui réinjecte l’eau pour lui permettre de se recharger en lithium.
Si la technologie est validée, elle permettrait de produire du lithium en Europe à plus grande échelle, de le raffiner et de le transporter sans avoir à le faire venir de l’autre bout du monde.
Mais Eramet n’est pas seul dans la course à l’innovation. Geolith, une autre société française, a développé une technologie d’échange d’ions qui agit comme un filtre sur les liquides riches en lithium afin de le récupérer, et donc, pourquoi pas sur lesdites eaux souterraines.
Dans les deux cas, ces innovations montrent que d’autres pistes peuvent être suivies afin de résoudre le casse-tête de nos besoins en lithium sans pour autant prendre le risque d’impacter lourdement notre environnement.