La transition énergétique est amenée à s’intensifier d’ici à 2030. L’Europe continue de faire en sorte d’assurer son indépendance énergétique en ouvrant des mines de lithium, objet de toutes les convoitises.
Le lithium, essentiel à la fabrication des batteries pour ordinateurs portables, smartphones et surtout pour les véhicules électriques, joue un rôle clé dans l’électrification du secteur des transports, l’un des plus polluants. Actuellement, la majorité des réserves exploitées de lithium se trouvent en Amérique du Sud, avec une large emprise de la Chine sur la chaîne de valeur.
Pour réduire sa dépendance à des pays tiers, l’Europe s’est donc dotée d’une législation sur les matériaux critiques afin d’en diversifier les approvisionnements. D’ici à 2030, l’Europe vise à utiliser chaque année, pour sa consommation, au moins 10 % de minéraux extraits localement, 40 % transformés au sein de l’Union européenne et 25 % de matériaux recyclés. Aucun pays tiers ne pourra fournir plus de 65 % de la consommation annuelle d’un de ces matériaux.
Des mines de lithium en Europe
Plusieurs mines de lithium pourraient être potentiellement exploitées en Europe, comme au Portugal, qui dispose de l’une des plus grandes ressources du continent. Située dans le nord du Portugal, la mine de Barroso, exploitée par l’entreprise britannique Savannah Resources, devrait fournir annuellement de quoi fabriquer les batteries de 500 000 véhicules électriques. Appuyée par une autorisation (sous conditions) de l’Agence portugaise pour l’environnement, Savannah Resources assure faire attention à l’impact environnemental de ses activités. Mais cela ne suffit pas à apaiser les craintes des habitants, qui s’inquiètent des conséquences que pourrait entraîner l’extraction et s’opposent à l’avancée du chantier.
Les mêmes inquiétudes se cristallisent autour de projets de mines de lithium en France, comme celui appelé Emili, à Échassières dans l’Allier. C’est la société française Imerys qui a la charge de son exploitation et pourrait fournir, ici, de quoi fabriquer annuellement 700 000 batteries de voitures électriques pendant 25 ans.
En Serbie, la vallée du Jadar devrait bel et bien accueillir une mine géante après deux ans de blocage du projet. Capable d’alimenter les besoins en lithium de toute l’Europe, le gouvernement serbe a rendu sa décision finale à la mi-juillet. Une occasion que l’UE n’a pas manqué de saisir en signant, avec la Serbie, un partenariat sur l’approvisionnement de matières premières stratégiques. Mais l’extraction, qui sera conduite par l’anglo-australien Rio Tinto, continue de faire face à une forte opposition populaire, inquiète des agissements passés de ladite entreprise, peu respectueuse des conséquences de ses activités sur l’environnement.
Ces cas de figure illustrent bien certains paradoxes de la transition énergétique : nous voulons moins d’énergies fossiles, mais pas d’infrastructures pour les énergies renouvelables dans notre champ visuel ; nous avons besoin de matériaux stratégiques en Europe, mais nous voudrions laisser le poids de leur exploitation sur les épaules d’autres zones géographiques beaucoup moins regardantes sur les impacts environnementaux…
En ce qui concerne la transition énergétique, ne devrions-nous pas prendre conscience que tout ne sera pas parfait tout de suite dans la « recentralisation » européenne ? Est-ce qu’en laissant les choses trop traîner, dans l’attente constante de LA solution parfaite, ne risquons-nous pas de le payer plus cher dans le futur ?
Et si nous nous concentrions alors sur des alternatives plus respectueuses de l’environnement, comme le lithium géothermal ? Encore émergente, sa captation pourrait pourtant répondre en partie aux besoins de l’Europe, tout en évitant un impact aussi important que les mines classiques.